Le skipper…
Je m’appelle Philippe Bach. J’ai 44 ans et suis papa de 2 jeunes adultes et 1 ado.
Malgré la distance beaucoup de bateaux sont immatriculés au Grand Duché, surtout des cargos. Essentiellement pour des raisons fiscales.
Et j’ai découvert une communauté non moins importante de marins ! Et c’est grâce à elle qu’est née ma passion pour la voile.
J’ai découvert les voiliers très jeune grâce à mon grand-père. Il rêvait de grandes caravelles et possédait de nombreux ouvrages, tableaux et maquettes sur ces navires de guerre et de commerce. Il a quand même réussi l’exploit de ne jamais monter sur un voilier préférant s’évader dans les livres depuis les montagnes cévenoles où il aimait se réfugier quand il n’enseignait pas à Paris. Et en vous écrivant ces quelques mots, je me rends compte à quel point les montagnards et les marins partagent le goût de la solitude. Solitude ou plutôt besoin de calme, de rêve.
Mon père ensuite m’a fait faire mes premières navigations en 420 sur un lac dans la région parisienne. J’avoue ne pas avoir été emballé. Nous n’allions pas à la mer en vacances quand j’étais enfant, ni même ado. Quand j’ai eu 20 ans, il a acheté une maison à Dinard. Saint-Malo et sa environs sont vite devenus ma région de cœur. Des paysages magnifiques, une gastronomie gourmande et une météo certes chaotique mais sans canicule !
C’est pourtant dans le sud de la France à Sanary sur Mer que les bateaux ont commencé à avoir un sens pour moi. Nous nous y rendions avec la mère de mes enfants les étés et les plages bondées sont vite devenues une souffrance pour moi. Et en voyant ceux au mouillage dans les criques que j’ai décidé que je devais faire comme eux. Mais plutôt certains diront fainéant, d’autres diront pragmatique, je me suis tout de suite orienté vers les bateaux à moteur. J’ai passé mon permis en une semaine. Je me souviens bien de l’instructeur qui était un voileux nous parlant du bonheur de sortir du port et de hisser les voiles avant de couper le moteur. A l’époque cela me semblait un rêve in atteignable.
Dès le lendemain de l’obtention de mon permis côtier, j’ai décidé de louer un bateau et d’aller naviguer en famille jusqu’à l’île de la tour fondue en face de Sanary. Si l’aller s’est bien passé avec une mer calme, le retour fut une toute autre histoire. J’ai même décidé d’appeler l’école pour leur demander conseil. Par chance ils étaient sur le bateau-école et ils sont venus m’aider. J’ai pu rentrer dans leur sillage ce qui fut rassurant étant avec deux jeunes enfants… Première expérience, première leçon.
Loin d’avoir été écœuré par cette première navigation, j’ai encouragé, voire insisté auprès de mon père pour qu’il achète une petite unité à Saint Malo. Finalement ce sera un pneumatique. A l’époque, j’étais ravi.
Mes premières sorties furent également de grandes leçons. Échouage dans le port de Dinard, hélice foutue après une mauvaise manœuvre sur la cale de mise à l’eau au port des Sablons, retournement du bateau sur une plage à cause des rouleaux beaucoup plus puissants qu’evalués. Tous ces événements n’ont pas eu lieu ni le même jour, ni la même saison. Ce fut d’abord de grands moments de bonheur partagés avec les enfants grâce aux jeux, bouée, ski nautique, etc. Mais il est clair que l’on apprend avec son propre bateau…
En 2013, un collègue me parle de l’association voile qui vient de se créer dans l’entreprise. Je trouve ça super et me dis que c’est l’occasion de découvrir enfin la voile habitable. Une sortie est organisée à Toulon avec des navigations jusqu’aux îles du levant. Je décide à ce moment de m’inscrire à un stage Macif sur recommendation d’un ami. Il aura lieu à Marseille la semaine suivante.
J’ai tout de suite compris ce que voulait dire l’instructeur de Sanary quand il expliquait le bonheur de couper le moteur et d’avancer à la seule force du vent. Ce fut une révélation, un moment de bonheur intense. Je savais que je remonterais sur un voilier après cette expérience. Ce qui fut plus difficile à appréhender en revanche, la vitesse. Passer de 25 noeuds à 5-6 noeuds de moyenne fut un choc… un changement de logiciel qui fut long à appréhender.
Une frustration aussi parfois.
Mais quel bonheur d’être en mer, bercé par le bruit du vent et des vagues. Le bonheur aussi de l’arrivée au port et des apéros avec les coéquipiers et les voisins de ponton. Les partages d’expériences, les récits passionnants de navigation. Les conseils plus ou moins surprenants des uns et des autres. Je reste marqué par celui d’un marin allemand nous expliquant l’importance de bien préparer son équipage avec de partir : manger des pruneaux pour faciliter le transit nous a beaucoup fait rire. Avec son expérience, loin de moi l’idée de penser que c’était un conseil farfelu…
J’ai donc enchaîné ma semaine à Toulon avec un stage découverte d’une semaine avec la Macif. Par chance, le skipper en charge était malade et ils ont du faire appel à un indépendant au parcours incroyable : deux tours du monde à son actif en catamaran. Habitant de Hyeres, il est resté avec nous sur le bateau, quand les autres formateurs rentraient à 18h à la maison. J’étais en présence de deux autres couples. Des retraités et un autre plus jeune. Très vite, nos jeunes retraités ont compris que la voile ne serait certainement pas pour eux. Cela leur demandait des efforts qu’ils avaient sous-estimés.
L’autre couple et moi avons par contre adoré l’expérience. Et nous avons donc demandé à notre instructeur s’il accepterait de nous faire une autre semaine de formation hors Macif. Rendez-vous fut pris à Hyeres l’année suivante. Dans les mêmes conditions : lui avec nous sur le bateau. Nous avons pu partir jusqu’à Cannes et faire une navigation de nuit. La marge de progression fut impressionnante et j’avoue avoir eu beaucoup de chances.
En ce qui me concerne, la voile, ce sont d’abord des rencontres. Des gens passionnés qui font que les moments partagés sont d’abord du bonheur.
Chaque année, l’association de mon entreprise organise une sortie découverte pour ses membres aux Pays-Bas, sur la Isseljmer. Plan d’eau vaste et protégé avec des petits ports magnifiques. Lieu idéal pour les débutants.
Au fil des années, j’ai pris les rôles de co-skipper, puis skipper.
Je suis ensuite parti seul avec mes enfants en vacances : Hyeres, la Bretagne, …
Avec les amis, la Grèce. Cette semaine autour d’Athènes m’a d’ailleurs valu le surnom de « Black Minou ». Mon bateau relativement âgé a connu de nombreuses mésaventures : réservoir d’eau avant mal fixé qui fuyait, nouvelle grand voile inadaptée au mât et qu’ils ont remplacé par l’ancienne toute trouée, l’ancre qui se prend dans une chaîne au fond d’une crique, … Bref des galères à la chaîne qui ne nous ont pas empêché de passer une semaine extraordinaire dans des paysages magnifiques.
Assez vite avec l’association de mon entreprise, l’horizon s’est élargi avec la possibilité de participer à des régates. Notamment à Saint Tropez où un ancien collègue avait son bateau. J’ai participé aux Voiles d’Automne en 2014. Série de régates on-shore sur 3 jours. Notre impréparation, notre équipage novice en course ont fait que ce fut plutôt des moments de franche rigolade qu’autre chose. Néanmoins, j’ai compris à quel point la régate est la meilleure école de voile : l’organisation de l’équipage avec les postes assignés à chacun, et surtout les réglages des voiles.
Depuis j’ai participé à des courses prestigieuses. Deux fois la course « les 900 miles de St Tropez », rebaptisée depuis « Au large de St Tropez ». Nous l’avons remporté pour ma seconde participation : grâce à une gestion bien mieux maîtrisée de la pétole.
Avec un ami belge, nous avons aussi fait de nombreuses régates en mer du nord.
Ma plus grande fierté reste notre participation à la Rolex Fastnet Race en 2019. Nous sommes arrivés 12ème de notre catégorie. Une course très exigeante qui la rend d’autant plus belle quand on la termine.
Voilà en résumé mon parcours, mon expérience. La voile est ma passion. Et comme beaucoup de marins sur les pontons le soir au moment de l’apéro, j’ai envie de la partager.
Pour me contacter : philippe.bach@voixliees.com.